Faisan vénéré : l’oiseau de battue

Dominé par la présence de son cousin le faisan commun, avec lequel il peut cohabiter, le faisan vénéré gagnerait à être plus connu. Comme le faisan commun, il nous vient de Chine et peut être implanté chez nous, à la condition essentielle que le territoire lui soit favorable.
Partons à la rencontre de ce galliforme aux couleurs chatoyantes, et au comportement parfois étonnant.
Le faisan vénéré est un oiseau hyper-territorial pouvant se montrer agressif envers les promeneurs, les véhicules et les autres animaux. Il n’est pas rare de le voir courir en direction d’un intrus, le plumage ébouriffé, poussant de petits cris et s’arrêtant à seulement quelques mètres battant vigoureusement des ailes pour mieux impressionner son adversaire.

Outre son agressivité, le vénéré se distingue par ses plumes de queue, qui peuvent atteindre et même dépasser 1,70-1,80 m et constituer pour le chasseur un véritable trophée.

OISEAU FORESTIER
En règle générale, les mâles vivent en petit groupe et ne retrouvent les femelles que pour la période de reproduction. L’espèce présente un très fort dimorphisme sexuel, le plumage des femelles à dominante marron, les rendant fort discrètes, tranche avec l’exubérance de celui des mâles. Ces derniers pèsent de 1,3 à 1,6 kg et les poules de 0,9 à 1,2 kg. Oiseau forestier, il apprécie les forêts diversifiées feuillus/conifères, les taillis sous futaie, les forêts claires aux sols recouverts de ronces et de petits fourrés. Friand de fruits forestiers, mais aussi de graines agricoles, le vénéré est très éclectique dans sa consommation (120 aliments différents dénombrés).


UNE REPRODUCTION COMPLIQUÉE
Le vénéré a une reproduction assez compliquée et plutôt faible, sujette à de nombreux paramètres, comme la luminosité et la température. Il est conseillé de renforcer la population présente par des opérations de repeuplement, sans quoi l’oiseau disparaît peu à peu. De l’avis général, un agrainage léger mais régulier est nécessaire pour le tenir sur son territoire. L’espèce connaît un taux de survie, en général, supérieur au faisan commun. Repeupler en juillet avec des oiseaux de 10-12 semaines permet, sauf catastrophe, de les retrouver en octobre-novembre totalement acclimatés, et prêts à se défendre âprement.

Crédit photo : Gilles DE VALICOURT
DIFFICILE À ARRÊTER PAR LES CHIENS
Comme nous l’explique Arnaud, qui élève ses faisans communs et vénérés en volières anglaises, et qui conduit les battues sur le domaine de la Verrerie à Oizon dans le Cher, le faisan vénéré est bien adapté à la chasse en battue. Se laissant moins facilement arrêter par les chiens, il a tendance à filer en douce devant les chasseurs, et à s’envoler sans attendre qu’on lui marche sur la queue. Les poules, lorsqu’elles sont piégées par un rabat bien mené, passent aux tireurs comme des bombes et du coup se retrouvent peu représentées quand arrive l’heure du tableau.

DE GRANDES QUALITÉS DE VOL
Le vol très énergique du faisan vénéré, le rend difficile à tirer, sa facilité à prendre beaucoup de hauteur fait qu’il devient compliqué de le décrocher au passage de la ligne. Sa propension à se regrouper apporte un plus lors des chasses en battue, pouvant ainsi surgir en paquet, en compliquant d’avantage la tâche des postés. Du fait de son biotope préférentiel qu’est la forêt, le vénéré peut se révéler percheur. C’est pour lui une question de survie.

UN MISSILE AU-DESSUS DES ARBRES
Pour Jacques, qui chasse au chien d’arrêt, le faisan vénéré ne présente que peu d’intérêt, car il piète trop et le coq décolle en vol rasant avant de prendre beaucoup de hauteur, souvent trop loin du fusil. La poule est selon lui plus facile à bloquer, et à l’inverse du coq part comme un missile pour immédiatement prendre de la hauteur.

Notre faisan aux reflets dorés se révèle donc être mieux adapté à la chasse en battue qu’à la billebaude, et si le biotope est favorable, l’oiseau donnera toute satisfaction au gestionnaire, pour autant que le minimum soit fait pour le maintenir à un niveau de population suffisant.
