En Sologne, chasseurs et balbuzards font bon ménage

En Sologne, chasseurs et balbuzards font bon ménage

En ce début de matinée frisquet, les pêcheurs ne sont pas encore tous installés, que déjà, un grand rapace plane au-dessus de l’étang, profitons du spectacle et observons le balbuzard qui nous dispense un authentique cours de pêche en surface.

C’est dans la région Centre, au printemps, que nous avons eu la chance d’observer ce majestueux rapace, non loin de la forêt d’Orléans, où il a fait son grand retour comme nicheur au début des années 80. Facile à reconnaître en vol grâce à son ventre blanc, le Balbuzard pêcheur fait entre 1,45 m et 1,75 m d’envergure. Ce rapace exclusivement piscivore, ne se nourrit que du produit de sa pêche. Espèce totalement protégée depuis 1981 en France, il n’est plus rare de le voir survoler les zones humides, fleuves ou régions d’étangs. Les grandes forêts privées de Sologne, où la chasse est reine, sont désormais des zones très favorables pour le grand rapace, il y trouve la quiétude nécessaire à sa nidification et y reçoit un excellent accueil de la part des propriétaires. Le temps où il était perçu comme un voleur de poissons et salué par une volée de plomb est bien révolu, aujourd’hui les chasseurs apprécient de le voir voler au-dessus des massifs.

En Sologne, chasseurs et balbuzard font bon ménage : photo 2
Ce grand rapace profite de la quiétude des étangs de Sologne pour nidifier.

C’est de loin que nous le voyons arriver, quelques coups d’ailes lents et lourds suffisent à le faire se déplacer sur des centaines de mètres, il fend l’air et plane sur de longues distances, jusqu’à son lieu de pêche. Cette fois il s’agit d’un étang mais il est aussi souvent observé au-dessus de la Loire. Il survole méticuleusement le site, à la recherche d’un poisson inconsciemment stationné en surface. Une fois la cible repérée et verrouillée, il donne un coup d’aile brusque et bascule la tête la première vers la nappe d’eau. Les ailes repliées le long du corps, c’est seulement dans les derniers mètres, juste avant l’impact qu’il tend ses serres vers l’avant, venant ainsi frapper et saisir le poisson dans un choc violent. Ne sachant pas nager, il s’extrait en quelques coups d’ailes puissants et reprend son envol en rasant la surface, laissant apparaître le butin de sa pêche. En cette période de nidification, il est fort probable qu’il s’agisse d’un mâle qui va s’empresser d’apporter ce poisson à sa femelle restée sur le nid pour couver.

En Sologne, chasseurs et balbuzard font bon ménage : photo 3
En Sologne, chasseurs et balbuzard font bon ménage : photo 4
Après un piqué, le balbuzard tend ses pattes au dernier moment, avant de percuter la surface de l’eau et de s’en extraire aussitôt d’un puissant battement d’ailes, un poisson dans les serres.

Les couples de balbuzards sont formés pour la vie et sont fidèles à leur site de nidification, une fois les travaux de restauration du nid effectués, la femelle pond de 1 à 4 œufs qu’elle couvera durant 5 semaines, le mâle ne prenant la place au nid que quand la femelle se nourrit du poisson qu’il lui a péché et apporté. Les petits seront capables de voler au bout de huit semaines et à la fin de l’été, ils entameront leur première migration pour passer l’hiver sous des latitudes plus accueillantes avant de revenir charmer le regard des chasseurs solognots.