Diaboliques tiques
Avec l’été et les douces promenades, les tiques nous collent à la peau. Désagréables, voire même dangereux pour l’homme, ces petits acariens le sont aussi pour nos chiens.
1 - QU’EST-CE QU’UNE TIQUE ?
Tique : « Nom vulgaire donné aux espèces du genre ixode ricin, acariens à huit pattes et sans ailes qui s’attaquent aux chiens, aux bœufs, aux moutons, et parfois à l’homme ». Les propriétaires de chien connaissent par cœur la définition de ce redoutable arachnide. Ils ne comptent plus, en effet, le nombre de fois où ils ont repéré ces petites boules noires, comme des grains de plomb, fixées sur le cou ou derrière les oreilles de leurs compagnons.
2 - COMMENT SE FIXE-T-ELLE SUR LE CHIEN ?
Nous ne parlons ici que de la tique sauvage qui se loge dans les taillis, les haies et bordures de forêts de feuillus, et de la tique dite « de chenil » que l’on rencontre toute l’année et en milieu urbain. « Notre » tique se laisse tomber sur le chien quand il passe à proximité, puis s’accroche aux poils avant de se fixer à la peau avec ses crochets.
C’est un parasite « intermittent » : sa vie parasitaire est, en effet, très brève. Qu’elle soit larve, nymphe ou adulte, elle a besoin pour se reproduire ou se métamorphoser de se gorger de sang pendant plusieurs jours en se fixant à la peau d’un animal. Chacun de ses repas peut durer entre deux et trois semaines et lui permet de multiplier son poids par cent. Une fois repue, elle se décroche et se laisse tomber sur le sol pour y pondre plusieurs milliers d’œufs.
3 - POURQUOI EST-ELLE DANGEREUSE ?
En principe, sa morsure laisse une petite inflammation locale sans gravité. Elle peut aussi provoquer des réactions allergiques, voire de petits abcès.
En principe seulement, car la tique peut transmettre 3 maladies qui se révèlent parfois mortelles : la piroplasmose, la maladie de Lyme et l’ehrlichiose.
A) LA PIROPLASMOSE
Elle est le résultat de l’inoculation par une tique d’un protozoaire qui détruit les globules rouges. Cette destruction libère un grand nombre de toxines entraînant une forte inflammation du foie, de la rate et des reins, qui se manifeste, soit par une jaunisse, soit par une insuffisance rénale. Les symptômes : perte, voir absence totale d’appétit, fièvre très élevée.
Bref, un état d’extrême fatigue. Au bout de 48 heures, l’urine devient très jaune. La mort intervient rapidement. Comme souvent, les chiens de petite taille y sont beaucoup plus sensibles. De même que ceux dont le foie est en mauvais état ou qui en sont à leur deuxième ou troisième récidive.
QUE FAIRE ?
Dans le cas d’une piro « débutante », le vétérinaire injectera un piroplasmicide. Il complétera le traitement, s’il y a lieu, avec une couverture antibiotique. Lorsque les troubles sont déjà avancés, l’hospitalisation du chien s’avère souvent nécessaire. Il est mis sous perfusion et son hospitalisation peut durer plusieurs jours. Parfois, une ou plusieurs transfusions sanguines seront indispensables.
LA PRÉVENTION
Sachant que les piroplasmes ne passent de la tique au chien que 36 heures au plus tôt après la piqûre, inspecter son animal une fois par jour et retirer toutes les tiques diminue le risque, à défaut de le supprimer.
Un vaccin existe : le jeune chien se verra administrer deux injections à trois semaines d’intervalle ; par la suite, un rappel annuel sera suffisant.
B) LA MALADIE DE LYME
Cette maladie (appelée aussi borréliose), découverte dans le Connecticut en 1975, est redoutable et pernicieuse. Elle peut non seulement se transmettre au chien, mais également à l’homme et entraîne des troubles pathologiques très graves (arthrites, problèmes cardiaques, neurologiques et parfois oculaires). Quels en sont les symptômes chez le chien : il a de la fièvre plus ou moins lancinante, boite.
La difficulté, c’est que, souvent, on pense à cette maladie quand on a tout éliminé, avec le risque de passer à côté. Aussi, seul un diagnostic vétérinaire soutenu par une analyse sanguine permet de détecter la borréliose. Aujourd’hui, il existe également un vaccin qui permet de la bloquer qui s’injecte dans les mêmes prescriptions que pour la piroplasmose, mais seulement pour des chiens de plus de 5 mois.
C) L’EHRLICHIOSE
C’est la troisième maladie transmise par notre acarien, quoique plus rare et davantage vivace dans le Sud. Elle présente, dans sa forme aigüe, des symptômes proches de la piroplasmose (anémie, fièvre, léthargie) mais entraîne une mort beaucoup plus rapide. Hélas, il n’existe pas de vaccin à ce jour.
4 - À QUELLE SAISON EST-ELLE DANGEREUSE ?
Dès le mois de mars, il faut redoubler d’attention. Hausse des températures, et taux d’humidité plus élevé favorisent le développement des tiques (ce pic se retrouve également en septembre). Mais, en théorie seulement car, dans bien des régions de France, elles sévissent une partie de l’hiver, comme certains endroits, très localisés, de Bretagne. Plus encore, le changement climatique a allongé les périodes d’activité des tiques et leur a permis de gagner du terrain. Pas une région n’est épargnée. La vigilance doit donc être accrue !
5 - COMMENT SE PRÉMUNIR DES TIQUES ?
Même si la prévention n’est évidemment pas sûre à 100%, elle est essentielle. Les moyens de prévention ont fait des pas de géants depuis de nombreuses années. Il y a en premier lieu les colliers, mais qui peuvent provoquer chez certains chiens une allergie (SCALIBOR, SERESTO, CANISHIELD), qui protègent votre animal plus de six mois.
Ensuite, les solutions antiparasitaires externes, qui jouent un rôle de répulsifs, se présentent sous la forme de flacons pressurisés, en sprays (comme ceux de chez FRONTLINE) ou en spot-on, solution liquide qui se diffuse sur la peau à partir du point d’inoculation.
Mais attention, il est impératif que les poils du chien soient parfaitement secs trois jours avant et après le passage du spray ou de la mise en place de la pipette. Dernier outil de prévention : le cachet, comme le BRAVECTO (en pharmacie ou chez votre vétérinaire), qui dure jusqu’à 3 mois. Il a l’avantage d’être aussi un anti-puces. Ces répulsifs peuvent être associés à un vaccin. C’est le meilleur compromis, en sachant qu’il y aura toujours un risque.
C’est pour cette raison qu’il faut examiner votre chien après chaque sortie. Si une tique est accrochée, il faut éviter de l’arracher brutalement (sinon le rostre – la tête – restera dans la peau de l’animal). Contrairement à certaines croyances, il ne faut pas endormir la tique à l’éther, au risque qu’elle libère alors toutes ses toxines dans le sang du chien. Le mieux est de la retirer avec des petits crochets spéciaux vendus en pharmacie. Ils sont aussi valables pour les hommes !
