Chasses présidentielles

Chasses présidentielles

Le 22 mars, à la maison de la Chimie à Paris, s’est tenu le congrès annuel de la Fédération Nationale des Chasseurs (FNC), réunissant tous les présidents et directeurs des fédérations départementales et régionales. AIR & NATURE y était.

LES INVITÉS, LES ÉVITÉS

Les candidats à l’élection présidentielle, du moins ceux qui ne sont pas opposés à la chasse, étaient également invités afin de délivrer leur vision de la chasse mais aussi de la ruralité en générale. Exit donc, Philippe POUTOU, Nathalie ARTHAUD, Jean-Luc MÉLENCHON, et bien sûr Yannick JADOT qui, profitant d’accidents dramatiques, fit de l’interdiction de la chasse, les week-ends et durant les vacances scolaires, un thème de campagne. Anne HIDALGO et Nicolas DUPONT-AIGNAN n’ont pas jugé bon de se déplacer, ou de se faire représenter, mais leurs alliances avec des courants anti-chasse, ou leurs prises de position animalistes les auraient sûrement mis en difficulté devant cette assemblée.

UNE CLARIFICATION

Chasses présidentielles : photo 2

Dans l’ordre d’audition, Marine LE PEN avait diligenté Paul-Henry HANSEN-CATTA, conseiller régional des Hauts-de-France. Ancien président des chasseurs de l’Aisne et journaliste cynégétique, il est le conseiller de la candidate du RN sur les questions rurales. Il a fait falloir la convergence de vue entre Marine LE PEN et la FNC sur les 5 grands thèmes mis en avant lors de ce congrès :

  • L’avenir de la gestion adaptative.
  • La réforme de l’indemnisation des dégâts de grand gibier.
  • Les relations avec les autres usagers de la nature.
  • La police rurale.
  • Et la création d’un ministère de la Ruralité.

Après son intervention, la salle n’a pas manqué de l’interroger sur les prises de paroles de Marine LE PEN contre la chasse à courre, le poussant à une clarification. Il a assuré que c’était un malentendu et qu’après explications Marine LE PEN défendait bien tous les modes de chasse. Si tel n’avait pas été le cas, il aurait quitté le parti.

HARO SUR LES GRANDS PRÉDATEURS

Chasses présidentielles : photo 3

Après Paul-Henry HANSEN-CATTA, Jean LASSALLE, le président du parti Résistons, devant un auditoire bienveillant, affirma à plusieurs reprises combien selon lui, la présence des grands prédateurs était incompatible avec le pastoralisme, sujet cher au cœur du député des Pyrénées-Atlantiques. Il a beaucoup insisté sur sa volonté de reconstruire une nouvelle organisation territoriale, remettant en avant les communes. Pour atteindre ce but, il souhaite décréter un projet « Campagnes de France, grande cause nationale » en y consacrant 3 à 4 milliards d’Euros par an.

UN GRAND MINISTÈRE DE LA RURALITÉ

Chasses présidentielles : photo 4

Il fut suivi de Valérie PÉCRESSE, candidate des Républicains, qui tenta une véritable déclaration d’amour aux chasseurs, affirmant sa volonté de décentralisation, et qu’elle serait la candidate « du lâcher prise par rapport à l’État jacobin ». Elle assura que pour 1€ consacré à la politique de la ville, 1€ serait consacré aux territoires ruraux. Égrenant ses propositions pour la chasse, elle affirma notamment qu’élue présidente, l’État prendrait en charge 50% de la facture des dégâts de grand gibier, qu’elle redonnerait aux chasseurs plus que leurs trois sièges au Conseil d’administration de l’Office français de la biodiversité, et que la chasse serait sous la tutelle d’un grand ministère de la Ruralité.

CHASSE ET CULTURE FRANÇAISE

Chasses présidentielles : photo 5

Ce fut ensuite au tour d’Éric ZEMMOUR, candidat de Reconquête de s’exprimer. L’expérimenté orateur commença par cette formule : « Je ne suis pas de ceux qui veulent vous emmerder ». Dans la droite ligne de sa rhétorique, il fit un discours censé parler au cœur des chasseurs, plutôt qu’un propos technique. Insistant beaucoup sur l’aspect culturel de la chasse, « garante de l’âme du pays et qui perpétue la culture française ».

PAS DE POLÉMIQUE POUR FABIEN ROUSSEL

Chasses présidentielles : photo 6

Fabien ROUSSEL, candidat du Parti communiste, prit la parole en début d’après-midi, et de l’avis de tous les observateurs, il sut sortir de la torpeur digestive un auditoire conquis, comme l’attestèrent les applaudissements nourris dont il fut gratifié. Très à l’aise, et manifestement bien instruit des dossiers chasse, ce pêcheur, élu député dans le Nord, insista beaucoup sur la nécessité de parvenir à une cohabitation harmonieuse entre les chasseurs et les autres usagers de la nature. Refusant toute forme de privatisation de la nature, il a affirmé qu’il proposerait la mise en place d’un Conseil national des usagers de la nature.

TENSION AVEC LE GOUVERNEMENT

Chasses présidentielles : photo 7

Dernier intervenant, Marc FESNEAU, ministre chargé des relations avec le Parlement s’exprima au nom du Président de la République, Emmanuel MACRON. Contre toute attente, son propos ultra-technique, pour « ne pas dire » technocratique, et sa défense du bilan présidentiel, débité à la vitesse d’un cheval de vénerie au galop, déconcerta l’assemblée. Certains thèmes, ou propositions qui auraient mérité plus d’attention, comme le soutien financier promis aux fédérations pour faire face à la hausse des prix des matières premières, la volonté de sortir de l’impasse du statut juridique figé des espèces, ou encore l’idée de permis de chasser différenciés, furent éclipsés par cette grande cavalcade verbale. Dans ces conditions, un auditoire irrité ne manqua pas de le mettre au ferme sur la question des chasses traditionnelles perdues, et le choix de ministres ou secrétaires d’État anti-chasse pour gérer la chasse.

Barbara POMPILI et Bérengère ABBA, respectivement ministre et secrétaire d’État ayant la tutelle de la chasse, n’étaient d’ailleurs pas conviées, signe évident d’une grande tension entre la FNC et le gouvernement, depuis la suspension des chasses traditionnelles.

WILLY SCHRAEN CANDIDAT A SA RÉÉLECTION

Chasses présidentielles : photo 8

Pour rester sur une touche présidentielle, Willy SCHRAEN, le président de la FNC, a annoncé qu’il était candidat à sa réélection pour un nouveau mandat de 6 ans. Mais, nous connaîtrons le nom du nouveau président de la République avant celui des chasseurs.