Chasse sous-marine versus chasse à tir

Chasse sous-marine versus chasse à tir

En cette période estivale, certains vacanciers ne se contentent pas de rester sur la plage et veulent aller voir sous la surface. Parmi les activités de plongée sous-marine, la pêche à l’aide d’un fusil harpon, visant poissons et crustacés, s’apparente pourtant plus à la chasse, ce qui justifie son appellation de chasse sous-marine (CSM). Parallèle avec l’art cynégétique.

UNE EXPÉRIENCE NÉCESSAIRE

Nemrod depuis trente ans, j’ai commencé la chasse sous-marine il y a une douzaine d’années, avec quelques copains passionnés en Finistère. Nageur sportif, je me demande encore comment je n’avais pas lié ces deux passions – chasse et élément liquide – plus tôt !

En démarrant tardivement, j’ai pu constater l’évolution de ma pratique et à quel point l’expérience jouait. Des premières sorties où je ne voyais rien, puis les périodes où j’ai commencé à voir du poisson, puis du plus gros, à avoir des occasions de tir, faire mes premières prises et enfin de plus régulières. Il n’y a pas de hasard ; il s’agit bien d’un apprentissage, du bienfait de l’expérience.

Chasse sous-marine versus chasse à tir : photo 2
Deux sars que j’ai eu la chance de prendre sur des roches en Finistère.

De la même manière, un tout jeune chasseur aura rarement la même rencontre, ni le même succès qu’un chasseur expérimenté d’une dizaine de permis. Science du placement, œil affûté sur ce qu’il doit chercher, connaissance des espèces, discrétion et silence, décisions et stratégies adaptées… Voilà tout un panel de qualités nécessaires qu’on retrouve sur terre et sous la mer pour aboutir à la prise.

DES SIMILITUDES FORTES

Il est amusant de voir à quel point chasse et CSM sont proches, dans la pratique :

  • Leurre auditif : le plongeur essaye fréquemment d’attirer le poisson d’un raclement de gorge, en tapotant une pierre du manche de son fusil, grattant le sable, en attisant la curiosité naturelle des carnassiers, comme on le fait pour un renard avec un cri de détresse ou, à un autre niveau, pour un brocard avec un appeau.
  • L’immersion dans le biotope : les combinaisons néoprène pour la CSM sont désormais quasiment toutes camouflées, avec des motifs représentant les fonds marins, au même titre que les chasseurs à l’approche ou à l’affût, particulièrement les archers, qui souhaitent se fondre dans leur environnement pour surprendre le gibier visé.
Chasse sous-marine versus chasse à tir : photo 3
Les combinaisons de CSM arborent un camouflage pour se fondre dans les fonds marins, tout comme ce chasseur à l’arc camouflé avec une tenue 3D à l’approche de sangliers.
  • La connaissance des éléments : quand le chasseur de gibier d’eau ou un paloumayre scrute la météo, le vent et la lune, le chasseur sous-marin fait de même et se renseigne également sur les marées et leur coefficient. Trouver la bonne fenêtre où le poisson sera actif et savoir où le chercher, en pleine eau, en activité, ou caché à trou.
  • Le partage et la gastronomie : faire bonne chère est un leitmotiv chez les chasseurs, sur terre comme dans l’eau. Le partage entre amis d’un cuisseau de chevreuil, d’une cuisine de grives, d’un bar en croûte de sel ou d’un carpaccio de mulet est la suite normale d’une belle sortie !
Chasse sous-marine versus chasse à tir : photo 4
Le plaisir gustatif de grives bardées à gauche et d’un carpaccio de bar à droite.
  • La patience : il faut parfois savoir ne pas tirer le mulet qui passe à portée en début d’apnée, pour avoir une occasion plus tard sur un joli bar dans la même apnée. Ne pas tirer est un acte de chasse.

DES TECHNIQUES ANALOGUES

L’approche et l’affût sont deux techniques de chasse pratiquées également en CSM. Elles se nomment l’indienne pour l’approche, et l’agachon pour l’affût, avec la différence de la durée, liée évidemment aux capacités d’apnée du plongeur, les bouteilles étant interdites pour la CSM en France.

Chasse sous-marine versus chasse à tir : photo 5
Daurade ou chevreuil, les techniques d’approche ou d’affût sont similaires.

L’indienne consiste à descendre au fond, puis progresser très lentement au milieu des algues, des roches, pour surprendre un poisson calé, un crustacé.

Plus consommatrice d’oxygène, car dynamique, cette technique entraine des apnées légèrement plus courtes : idéal pour surprendre des sars ou dorades en train de se nourrir de moules détachées des rochers par le ressac.

Chasse sous-marine versus chasse à tir : photo 4
Le plaisir gustatif de grives bardées à gauche et d’un carpaccio de bar à droite.
  • La patience : il faut parfois savoir ne pas tirer le mulet qui passe à portée en début d’apnée, pour avoir une occasion plus tard sur un joli bar dans la même apnée. Ne pas tirer est un acte de chasse.
Tir d’un sar dans un banc après une indienne en bord de roche.

On peut aussi pratiquer de la surface, dans deux mètres d’eau, pour déceler les poissons immobiles dans les algues.

Chasse sous-marine versus chasse à tir : photo 6

L’agachon est un affût sur un tombant ou au fond. Il demande une bonne adaptation au milieu, puisqu’il s’agit de descendre et se fondre dans le paysage en prenant en compte le courant, le soleil et la végétation. C’est la technique ad-hoc pour rencontrer un bar ou une dorade royale qui viendra par curiosité, après quelques dizaines de secondes.

Il demande un vrai savoir-faire pour être efficace : descendre quelques mètres avant la zone visée, se laisser tomber en toute discrétion, se poser, dissimulé de quelques algues, le soleil et le courant dans le dos de préférence, et attendre, dans la limite de ses capacités.

Dorades grises et mulets venus à l’agachon.

On peut bien évidemment juxtaposer les techniques, en commençant une indienne, pour se poser ensuite à l’agachon sur un endroit « que l’on sent bien ».

Deux arts en définitive si proches que bon nombre de chasseurs les pratiquent. Si ce n’est pas encore votre cas, pourquoi ne pas profiter de vos vacances et vous jeter à l’eau ?

Chasse sous-marine versus chasse à tir : photo 7
Un mulet et un joli sar.