Chasse du castor, tirs de barrage

Chasse du castor, tirs de barrage

Protégé en France, le castor est en revanche particulièrement apprécié par les chasseurs en Lettonie. Une chasse où il ne faut pas craindre de mouiller sa chemise, voire plus !

Avant même que notre avion ne se pose à Riga en Lettonie, nous constatons que l’élément aquatique est une constante pour nos amis lettons. Partout où le regard se porte, on aperçoit des biotopes humides dans lesquels se reflète le soleil couchant.

Chasse du castor, tirs de barrage : photo 2

DOUBLE CASQUETTE

Dès notre arrivée, nous sommes accueillis par Linda, une collègue journaliste ornée d’une casquette rose camo que nous ne pouvions pas louper au beau milieu de l’aéroport. Linda ne se contente pas de ce modèle de casquette, puisqu’elle porte également celle de vice-présidente de la FACE (Fédération des Associations de Chasseurs Européens). La jeune femme au caractère bien trempé, nous a organisé une découverte expresse de la chasse au castor.

Chasse du castor, tirs de barrage : photo 3

UNE LIQUEUR DE GLANDE CAUDALE

Un voyage initiatique de deux jours qui débute par un dîner en compagnie de son amie d’enfance Kate STERNA, chasseresse passionnée et organisatrice de séjours cynégétiques en Lettonie. Nous allons manger du castor au sens propre comme au sens figuré, c’est donc par un ragoût de castor que nous reprenons des forces avant d’arroser cet excellent dîner par une liqueur de glande caudale du rongeur qui fait ruisseler des larmes sur nos joues et sur celles de nos amies lettones…

D’ABORD EN BATTUE

Le lendemain matin, nous retrouvons les deux jeunes femmes entourées d’une équipe de chasseurs locaux équipés de fusils et de pelles.

Chasse du castor, tirs de barrage : photo 4

Nous sommes début avril, la chasse au castor va bientôt fermer et ce matin nous chasserons le rongeur en battue, bien décidés à lui faire payer les brûlures gastriques de la nuit !

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DE L’EAU JUSQU’À LA TAILLE

Nous voilà au beau milieu d’une forêt aussi plate que la main, un biotope composé essentiellement de bouleaux, d’aulnes et de quelques résineux, traversé par des petites rivières aux eaux ambrées. Les cuissardes sont de rigueur, car très régulièrement nous traversons des zones submergées, conséquence des barrages de castors qui régulent ainsi le niveau de l’eau à leur guise afin de pouvoir accéder dans leurs huttes en mode subaquatique.

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Un désastre pour les propriétaires forestiers qui voient une partie de leurs arbres coupés sous les incisives des rongeurs bâtisseurs, et l’autre partie dépérir sous l’effet de l’eau.

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DESTRUCTION DES BARRAGES

Tandis que nous rejoignons nos postes en amont et en aval d’une grosse hutte, les gaillards qui nous accompagnent s’attaquent aux barrages qu’ils détruisent méthodiquement à grand coup de pelles et de haches, avec pour effet un abaissement immédiat du niveau de l’eau.

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Ceci rend les huttes accessibles aux Jagdterriers qui piaffent d’impatience d’aller en découdre dans les entrailles de ce qui ressemble à un vulgaire tas de bois, mais qui est composé de galeries et de cul-de-sac à ne plus en finir.

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UN FERME RISQUÉ

Un jeu dangereux pour les chiens, car comme toujours dans pareille situation, l’animal traqué utilise toutes ses armes pour sauver sa peau. Dans le cas présent, des incisives XXL et une peau soyeuse très recherchée par les fourreurs.

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À peine les trois chiens sont-ils entrés dans le dédale de bois, que les premiers aboiements confirment la présence du gibier. Un castor saute à l’eau et tente une fuite à la nage, mais au moment où il passe à hauteur d’un posté, le calibre 12 fait feu et intercepte le fuyard.

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LUTTE CONTRE LA HUTTE

La détonation renseigne l’animal resté dans la hutte et tente un ferme avec les chiens. Il faut faire vite et voilà trois chasseurs affairés à détruire la hutte, véritable Mikado de branches qui finit par s’effondrer en poussant le deuxième castor à la fuite. Il aura plus de chances que son congénère, faute de postés sur son chemin.

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LE PIÉGEAGE ENSUITE

Le piégeage est également un mode de chasse très efficace pour le castor, et dans l’après-midi c’est à une tournée des pièges que nous sommes conviés. Comme le souligne Kate, l’avantage de cette méthode est de produire des peaux non endommagées par le tir et qui se vendent au prix fort. Dans les pays baltes, les femmes (et les hommes) apprécient la fourrure, un matériau naturel, durable, local et capable de résister aux rigueurs de l’hiver, dont la production permet aux sylviculteurs de sauver des milliers d’hectares de forêts.

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TOURISME ET MIGRATION

Après la visite de l’ancienne prison de Karista où avait été emprisonné le Tsar Nicolas II à l’époque où les pays baltes étaient tombés sous le joug soviétique, nous rejoignons les digues qui bordent la rivière Barta non loin de son embouchure dans la Mer Baltique à proximité du lac Liepaja. La zone est d’importance internationale pour l’avifaune migratrice, ce qui n’empêche pas les chasseurs d’y réguler le castor, une fois encore pour limiter les risques liés aux dégâts de l’animal qui obstrue des chenaux de drainage et provoque la submersion des zones agricoles et des villages adjacents.

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EN CHASSE SILENCIEUSE

Notre arrivée est saluée par un vol de cygnes chanteurs, tandis qu’un busard des roseaux virevolte aux ras des roseaux tel une marionnette. Nous profitons du spectacle, tout en chassant à l’approche dans cette ambiance printanière ponctuée du chant des premiers migrateurs de retour sur leurs zones de nidification.

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Après avoir magistralement loupé un castor passé non loin de nous à la nage, nous voilà assis à même le sol pour une séance d’affût.

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Linda est à quelques centaines de mètres, près d’une autre hutte de castor. C’est elle qui ouvre le bal et déchire le silence du soir d’une détonation de petit calibre atténuée par un modérateur. Pas de quoi inquiéter un brocard occupé à frayer ses bois sur un jeune saule.

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Soudain, un craquement trahit du mouvement de notre côté. Kate est tendue comme une arbalète, ses deux braques de Weimar également.

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28 KILOS !

Une silhouette sombre se faufile dans la ripisylve. Nous alignons la mire, le guidon et la nuque de l’animal, qui cette fois-ci reste séché sur place. Au coup de feu, les braques se jettent à l’eau et rapportent le corps inerte d’un gros mâle qui affichera 28 kilos sur la balance. « De quoi faire un bon ragoût et un joli coussin ! » s’exclame Kate en éclatant de rire.

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