Ajonc VS Genêt, le duel

Ajonc VS Genêt, le duel

S’il est deux plantes qui règnent en maître comme couvert à gibier durable, ce sont bien l’ajonc d’Europe (Ulex europaeus) et le genêt à balais (Cytisus scoparius). Il y a challenge entre les deux, chacun ayant ses forces et ses faiblesses. Confrontons les un peu… Flexion, liez, jeu ! *

DES ESSENCES INDIGÈNES BIEN CONNUES ET GLOBALEMENT RÉPANDUES

L’une et l’autres sont des espèces pionnières, aptes à coloniser des terrains nus, dans les premiers stades du boisement. On les retrouve majoritairement en forêts ouvertes ou sous forme de landes, manteaux arborescents. Le genêt à balais est commun partout en France excepté le pourtour méditerranéen et la Corse. L’ajonc d’Europe occupe lui une grand moitié Ouest de la France et se trouve plus rarement disséminé dans l’Est, le Midi et la Corse.

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Le genêt mesure jusqu’à 3,5 m de haut.

CHACUN SES EXIGENCES

Même si on les retrouve parfois au même endroit, genêt et ajonc ont une autécologie** légèrement différente.

Le genêt est un indicateur des lieux acides, aux sols bien drainés, généralement de textures légères (sables, limons) ou caillouteuses. Il ne supporte pas les sols compacts, humides ou hydromorphes***, ni calcaires. Il nécessite donc soit des sols sains, soit une topographie qui évacue naturellement l’eau. Enfin, ses besoins en lumière sont élevés et le genêt décline très vite en situation ombragée.

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L’ajonc d’Europe se développe également sur sols acides, même s’il peut pousser parfois sur terrains calcaires dans le Nord-Ouest. Il est néanmoins plus tolérant que le genêt sur les stations hydromorphes, capable de supporter des sables sur argile forcément plus humides.

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Une jolie couverture d’ajonc.

Pour résumer :

  • Sur sols acides, sains et légers : ajonc et/ou genêt.
  • Sur sols plus humides : ajonc uniquement.

ET POUR LA CHASSE ?

L’ajonc et le genêt ont une durée de vie assez similaire, d’une dizaine d’années. Mais leur évolution est différente, liée à leurs caractéristiques. Le genêt ne repart pas du pied. Pour rajeunir une genêtière, on doit passer par un broyage en fin d’été, une fois que les gousses de graines mûres ont éclaté. Elles germeront le printemps suivant avec la mise en lumière. Cependant, quand le genêt monte en hauteur, il finit par se dégarnir au pied, devient moins intéressant pour le gibier et meurt ou se couche avec le temps. Il révèle alors de la terre nue vite gagnée aux ronces.

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Les gousses de genêt de l’été dernier, synonyme de semis potentiel.

L’ajonc a lui la capacité de rejeter de souche, ce qui garantit toujours une végétation dense et persistante quel que soit son âge. Il peut donc être broyé et repartir du pied.

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L’ajonc est un enchevêtrement inextricable mais il est possible de le broyer.

Dans les deux cas, genêt et ajonc assurent ainsi un couvert accueillant pour toute la grande faune, mais aussi le lapin ou la bécasse.

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Remise à cervidés de quelques dizaines d’ares et + de 3 m de haut, composée d’ajoncs et de ronces.

Si le genêt se pénètre bien du fait de son port élancé, assez vertical et du faible nombre de branches basses, l’ajonc est une vraie épreuve pour les chiens et les traqueurs ! Ses épines striées, puissantes (2 à 4 cm) et effilées sont redoutables pour les jambes et les mains. Cuissard armé impératif ! De plus, ses branches poussent dans toutes les directions, s’enchevêtrent, jusqu’à parfois créer de véritables tunnels sombres où la seule solution est la progression à quatre pattes, dans les coulées. Problématique pour intervenir sur un ferme violent par exemple. C’est pourquoi quelques layons disséminés ne sont pas superflus selon la taille de la parcelle.

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L’ajonc possède des épines redoutables, contrairement au genêt qui a l’avantage de ne pas être piquant.

Au final, égalité ! Deux essences qui ont donc une capacité d’abriter le gibier de manière durable remarquable. L’ajonc est rustique, increvable mais douloureux, quand le genêt est plus exigeant, mais agréable. Semer du genêt ou de l’ajonc sur son territoire, pour peu qu’il soit adapté, c’est un effet garanti.

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Semences de genêt à gauche, ajonc à droite.

NB : Le semis d’ajonc ou de genêt se fait de la même manière. Préparer la graine en la trempant dans l’eau tiède pendant 24 h, afin de ramollir la coque. Semer en surface en avril/mai sur le terrain préparé, puis passer un rouleau. La graine doit être « imprimée » dans la terre, mais surtout pas enterrée ni recouverte.

* Flexion, liez, jeu : Commandement de l’arbitre au moment de la mêlée en rugby.
** Autécologie : science qui étudie l’ensemble des relations d’une espèce vivante avec son milieu, délimite les conditions qui permettent la survie de l’espèce.
** Hydromorphe : se dit d’un sol dans lequel un engorgement temporaire ou permanent laisse des traces d’oxydation.