Switchgrass, l’herbe à sanglier

Switchgrass, l’herbe à sanglier

Depuis une quinzaine d’années, le miscanthus (appelée aussi herbe à éléphant) s’est développé dans la campagne française pour la biomasse. Son petit cousin, le switchgrass, prend désormais le dessus dans les aménagements chasse, compte tenu de ses avantages substantiels. Au point qu’on pourrait désormais la nommer herbe à sanglier !

Le switchgrass (Panicum virgatum) est, comme le miscanthus, une graminée pérenne, vivace. Il mesure entre 1,50 m et 2,50 m selon les variétés, contre 4m pour le miscanthus. Une fois implanté, il repousse chaque printemps pendant une dizaine d’années (et souvent plus), sans aucun travail du sol, ni semis renouvelé. Cultivé initialement pour la biomasse* et le fourrage en Amérique du Nord, et désormais en France, le switchgrass a rapidement trouvé sa place dans les territoires de chasse comme couvert à gibier.

Switchgrass, l’herbe à sanglier : photo 2
La variété Cave-In-rock, haute de 1,80 m environ, en fin d’été.

LA SEULE CULTURE À GIBIER QUI PUISSE SE RÉCOLTER APRÈS LA SAISON DE CHASSE

Jusqu’à trois fois moins cher à l’implantation que le miscanthus qui, lui, se plante, le switchgrass se sème fin mai-courant juin, très peu profond voire en surface, sur un lit de semence fin et propre. La première année, il ne fait que quelques dizaines de centimètres. Il faut compter deux saisons de végétation avant d’avoir un couvert dense et efficace.

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Jeunes plants de switchgrass.

Quand il est installé, il monte en végétation à partir d’avril jusqu’à l’automne, puis reste debout pour former une paille sèche tout l’hiver, résistant au gel et même à la neige. Il est possible de le récolter en mars/avril par ensilage pour du paillage-biomasse, ou par fauchage pour du fourrage (exclusivement bovin). C’est d’ailleurs la seule culture à gibier qui puisse se récolter après chasse ! La récolte n’est cependant pas nécessaire ; le switchgrass repoussera de la même manière chaque année, récolte ou non.

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La pousse d’une saison d’un switchgrass implanté depuis 10 ans.

DES USAGES MULTIPLES EN AMÉNAGEMENT DE TERRITOIRE

Le switchgrass est un couvert apprécié aussi bien par le grand gibier que par le petit, mais différemment. Là où de belles parcelles d’un ou plusieurs hectares servent de remises aux sangliers et chevreuils, elles ne se justifient pas pour du gibier à plumes qui préfèrera les lisières.

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Dans la végétation, des coulées en tunnels créées et empruntées par le grand gibier.

De ce constat se dégage deux usages principaux :

  • Une parcelle d’un seul tenant, servant de couvert au grand gibier. La forme importe peu. La surface n’aura comme conséquence que la difficulté à en faire sortir les sangliers, au même titre qu’un grand carré d’ajonc, ou de maïs.
  • Une bande abri au milieu de la plaine, comme refuge pour lièvres et gibier à plumes. De 2 à 10m de large, cette bande sert de refuge, d’abri contre le vent et les intempéries, de repère visuel aux nidificateurs, précieux pour son effet lisière avec les cultures voisines.
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Idéal en bande pour casser le vide d’une grande plaine.

COUVERT, MAIS PAS QUE

Si le switchgrass est considéré comme couvert à gibier, et non comme culture alimentaire, la réalité est plus nuancée. La quantité de biomasse produite chaque année est importante. Non récoltée, la paille finit par se casser, tomber au sol, et créer au fur et à mesure du temps une couche de matière organique au pied des touffes vertes en végétation. On obtient le même résultat, plus rapidement, par un broyage de la paille avant repousse, en avril. Ces résidus de paille, de feuilles sèches, s’accumulent puis se dégradent jusqu’à créer une litière riche en invertébrés (vers, insectes…), denrée recherchée par les perdreaux, faisandeaux, mais aussi les sangliers.

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Sous le broyat, de la vie qui intéresse fortement les suidés.

* Biomasse : matière organique, ici d’origine végétale, utilisée pour la production d’énergie.