Sécuriser ses postes de battue

Sécuriser ses postes de battue

La battue de grand gibier, conviviale, animée, s’impose comme la pratique majoritaire dans les prélèvements de sangliers et cervidés. Parfois décriée pour ses accidents ou la gêne occasionnée, la battue demande une organisation sans faille, garante d’une sécurité primordiale. Voici comment la rendre encore plus sûre.

LA TRAQUE-AFFÛT, VRAIMENT LA PANACÉE ?

Depuis quelques années s’est développée une pratique bien connue de nos voisins germaniques, le drücken. Assaisonnée à notre sauce, on l’appelle désormais en France la traque-affût. Elle consiste en une traque animée plus ou moins bruyamment par des rabatteurs et chiens de petit pied, qui arpentent un territoire où les chasseurs sont disséminés sur des postes au cœur du bois, et non sur des layons périphériques.

Sécuriser ses postes de battue : photo 2
Crédit photo : Gilles DE VALICOURT

Positionnés généralement sur des miradors éloignés les uns des autres, les tirs se font à distance proche ou modérée, parfois à 360°, sur du gibier au pas ou petit trot.

Les avantages sont multiples :

  • Une grande efficacité par des tirs assurés qui font chuter la moyenne de balles tirées, et donc de fait, les risques d’accidents.
  • Une distanciation des postés.
  • Une discrétion vis-à-vis des riverains.

Sécuriser ses postes de battue : photo 3
Installation d’un poste au cœur du bois pour traque-affût.

J’y mets néanmoins quelques bémols :

  • Le tir à 360° ne peut être autorisé que lorsque le relief le permet ; ne pas voir ses voisins situés, même à 300 m de distance sur d’autres miradors, n’exonère pas de tirer ailleurs que dans leur direction. Les tirs au sol ricochent quasiment tous, même d’un mirador. Une étude de la Fédération des Chasseurs de Loir-et-Cher démontre que 84 % des balles de fusil et 78 % des balles de carabine ricochent.
  • Le type de biotope peut empêcher l’application de la traque-affût. Dans les futaies ouvertes, feuillues ou résineuses, les taillis sous futaies, le chasseur peut facilement voir venir, et tirer le gibier qui lui passe à portée. Ce qui n’est pas possible dans les formations végétales basses, comme le maquis, certaines forêts méditerranéennes ou les grandes régénérations et plantations comme ci-dessous.

Sécuriser ses postes de battue : photo 4
Crédit photo : Gilles DE VALICOURT
  • La taille des territoires ne permet pas toujours de chasser ainsi. Là où il est aisé d’avoir des postés à 300 m les uns des autres, éparpillés sur 300 ou 500 ha, c’est impossible sur 20 ou 50 ha.

C’est pourquoi la battue doit pouvoir s’inscrire dans la durée, quitte à l’améliorer. La création d’épis de tir est une solution.

LES ÉPIS DE TIR

Je reprends sciemment l’appellation épis que l’on retrouve dans les techniques de stationnement, pour la notion d’angle par rapport à la voie principale (ou l’allée). Sur les 18 dernières années, 37% des accidents en chasse de grand gibier ont été causés par un non-respect de l’angle de 30°. Plus d’un accident sur trois, tous modes de chasse au grand gibier confondus. Cela situe l’importance du respect de cette notion d’angle de 30°.

L’idée est d’ouvrir la végétation sur 15/20 m au rembuché, derrière le posté, dans le respect de l’angle de 30°.

Sécuriser ses postes de battue : photo 5

Sur la photo ci-dessous, on perçoit bien la zone sécurisée, dégagée de la végétation gênante.

Sécuriser ses postes de battue : photo 6

Ceci offre plusieurs avantages :

  • Cette ouverture guide le tir du chasseur, en visualisant de manière évidente les limites de son tir : « tant que ce n’est pas dans la zone dégagée, je ne tire pas ». C’est la meilleure façon de matérialiser l’angle de 30°, bien plus encore qu’un coup de peinture ou des jalons orange fluo néanmoins très utiles.

Sécuriser ses postes de battue : photo 7
  • On améliore les conditions d’un tir posé, avec une visibilité optimale sur le gibier. Cet espace de tir permet au chasseur de ne pas se précipiter sur un tir rapide au rembuché.
Sécuriser ses postes de battue : photo 8
Crédit photo : Gilles DE VALICOURT
  • L’absence de végétation limite les risques de ricochets sur les troncs ou baliveaux.
  • Par ailleurs, il est possible de conserver volontairement de la végétation ou une branche le long du mirador pour rendre impossible le tir ailleurs que dans la zone sécurisée. Un peu comme les guides des postes à grouses.

L’important est de s’adapter à son contexte, d’imaginer et appliquer toutes les solutions tendant vers une sécurité maximale, gage d’un plaisir serein à la chasse, et en battue en particulier.