L’origine du Ball-Trap, le tir au fusil de chasse sur cibles artificielles

L’origine du Ball-Trap, le tir au fusil de chasse sur cibles artificielles

Inspiré des anglais, le premier « tir aux oiseaux artificiels » fut importé en France en 1897. Installé à Saint-Aubin-sur-Mer, en Normandie, il prit le nom de Shooting Club.

En 1807, un révérend écossais du nom de Forsyth inventa le premier mécanisme de percussion sur fulminate de mercure. Dès lors, le « coup de fusil » devenu immédiat ouvrait la perspective du tir au vol. L’arquebuserie, comme on disait alors, s’en trouva chamboulée à un point tel, que Ferdinand Courally n’hésita pas à qualifier cet instant de « l’Ère de Forsyth ». Rien n’a changé depuis. La quasi-instantanéité de l’allumage de la poudre, ramenait désormais le problème du tir au vol à la donnée essentielle. Sa difficulté et son attrait consistent dans : « l’art de faire converger les trajectoires inégalement rapides du plomb et de l’oiseau. » Pouvait-on lire en 1952 dans le bulletin de la FITASC, (Fédération Internationale de Tir Aux Armes Sportives de Chasse).

LES ANGLAIS INVENTENT LE « SPORT »

L’origine du Ball-Trap : photo 2
Parmi les loisirs de plein air, réunis par nos voisins d’outre-manche sous le terme de sport, le tir en mouvement pris une place majeure dès le XIXème siècle.

Parallèlement, en ce XIXème siècle, la société anglaise éprise de la vie au grand air inventa un mot nouveau, « sport », issu du vieux français. D’après Émile LITTRÉ, son acception regroupe : « tout exercice en plein air, tels que courses de chevaux, canotage, chasse à courre, à tir, pêche, tir à l’arc, gymnastique, escrime, etc. » Parmi ces sports, l’invention de Forsyth allait en engendrer une autre, le tir-aux-pigeons. À l’origine, ce jeu des cabarets londoniens permit à de nombreux tireurs de comparer mais aussi d’exercer leur aptitude au tir au vol. Evidemment, les paris, ou « betting » chez les Anglais sont demeurés indissociables de ce jeu. Le Old Hats Tavern, à Ealing, est passé à la postérité puisque des vieux chapeaux hauts-de-forme y auraient fait office d’ancêtres aux boîtes à pigeons. De nombreux clubs virent prospérer le tir-aux-pigeons en Angleterre jusqu’à l’époque de la Grande Guerre. Date à laquelle suite à un mouvement social, dirait-on aujourd’hui, suivit une décision du parlement pour interdire cette activité. En Angleterre, les amateurs de tir au vol vont désormais exercer leur dextérité sur des cibles artificielles propulsées grâce à un appareil appelé Ball-Trap.

LA TRAPPE ROTATIVE OU BALL-TRAP

L’origine du Ball-Trap : photo 3
La Trappe rotative vantée par VERNEY-CARRON est la traduction du lanceur que les anglais dénomment Ball-Trap.

En France, après des débuts confidentiels dans les années 1830, le tir-aux-pigeons, prit de l’extension à partir de 1860. À cette époque, l’armurier GASTINNE-RENETTE lui réserve un enclos près de la Porte Dauphine à Paris. Bientôt, en 1866, le Cercle des patineurs, créé au bois de Boulogne en décembre 1864, offre aux amateurs le premier véritable tir-aux-pigeons vivants. Il y a peu de temps encore, on tirait des hélices au Cercle du bois de Boulogne. Mais, revenons au Ball-Trap. En France, le ball-trap naîtra discrètement au milieu des 1880. Le pourtant très complet catalogue VERNEY-CARRON de la saison 1888-89 ne conserve le souvenir que d’une unique catapulte à boules de verre (voir photo). VERNEY-CARRON francise son nom en Trappe rotative lance-boule.

L’origine du Ball-Trap : photo 4
En 1888, VERNEY-CARRON, encore, présente le Ball-Trap comme une alternative plus accessible au tir aux pigeons vivants.

« Le Ball-Trap est un appareil lançant en l’air des boules de verre… Tout en offrant les qualités à peu près analogues et des difficultés semblables à celles du tir sur pigeons vivants s’échappant des boîtes, le Ball-Trap constitue un sport bien plus à la portée de tous. » Peut-on lire dans le Larousse des Sports. Même chose dans le catalogue VERNEY-CARRON, la même idée présente le Ball-Trap comme un sport moins onéreux que le tir-au-pigeons. Pourtant au même moment d’autres voix, comme celle de Paul MANOURY, font la promotion du Ball-Trap comme celle d’un sport à part entière. « Je le préfère même au tir-aux-pigeons vivants, pour toutes sortes de raisons sportives, dont celle-ci : il constitue une meilleure préparation à la chasse. »

1897, NAISSANCE DU SHOOTING CLUB

Au cours d’un voyage en Angleterre, Paul MANOURY fit connaissance avec le Inanimate Bird Shooting, le « tir aux oiseaux artificiels ». Séduit par ce nouveau sport, « si net, si incritiquable. Comment n’aurais-je pas été enthousiasmé à le voir pratiqué si élégamment par ces merveilleux sportsmen que sont nos amis d’outre-Manche ?… » À l’issue, en 1896, en marge du cinquième concours national sur cible de Satory, une surprise attendait MANOURY. Dans une annexe, « d’ailleurs plutôt rudimentaire », réservée aux « oiseaux artificiels », il découvrit les possibilités des premiers plateaux artificiels. « Bien différent du tir sur boules de verre ou de caoutchouc. » Mettant alors à profit ses vacances à Saint-Aubin-sur-Mer (Seine-Maritime), ils créeront avec Gustave VOULQUIN le premier club de Ball-Trap en 1897, le Shooting Club (voir photo d’ouverture).

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Le Fusil de Chasse, deuxième club de Ball-Trap en France, s’établira sur l’île Seguin, à proximité de Paris en 1898.

Quelques temps après être rentré à Paris, MANOURY et VOULQUIN constitueront, en 1898, sur l’île Seguin (Hauts-de-Seine) un club plus important : Le Fusil de Chasse. Ses installations inaugureront la première tour en France ; haute de 16 mètres. Des noms prestigieux comme Havrincourt, Clary ou encore Alphonse XIII d’Espagne furent membre du club.

Le Shooting Club avait posé les fondations de ce qui allait engendrer l’ensemble de nos disciplines modernes de tir au fusil de chasse.

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La tour de 16 mètres du club du Fusil de Chasse, sur l’île Seguin.

Lien utile : www.fitasc.com