Le sentier de pirsch, anticipation impérative

Le sentier de pirsch, anticipation impérative

Le printemps est une période bénie pour le chasseur aménageur. Les battues terminées, la projection sur la chasse d’été provoque une abondance d’idées, enrichies par l’expérience supplémentaire de la saison écoulée. Le milieu a évolué, le gibier a pris de nouvelles habitudes ; il s’agit de s’adapter. Pour se donner plus de chances dans cette quête silencieuse, il convient de préparer son territoire.

DISCRÉTION, DISCRÉTION

La chasse à l’approche peut se comparer à un duel, comme la nature en connait pléthore, entre un prédateur et sa proie. En résumé : le premier qui aura pris connaissance de l’autre aura gagné.

Le sentier de pirsch, anticipation impérative : photo 2
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En chasse d’été, le premier qui voit l’autre a gagné.

Pour se fondre dans le biotope, le chasseur doit disparaitre par des artifices, son attitude ou ses choix. Reprenons le sigle cher aux militaires, FFOMEC BLOT ; pour Fond, Forme, Ombre, Mouvement, Éclat, Couleur, Bruit, Lumière, Odeur, Traces. Voilà les fondamentaux de l’invisibilité. Dans le cadre d’une quête cynégétique, certains de ces termes n’ont pas ou peu d’intérêt. Mais nous allons nous focaliser sur le Bruit, l’Odeur et le Mouvement, pour lesquels un aménagement apporte tout son sens, comme peut l’être un sentier de pirsch.

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Pour le chasseur, se mouvoir sans répandre d’odeurs ou générer de bruits est un défi.
Crédit photo : Gilles DE VALICOURT.

POURQUOI UN SENTIER DE PIRSCH ?

Bien connu des chasseurs germaniques, le sentier de pirsch est un classique de la chasse fine, comme l’appellent nos amis québécois. Mais pas seulement, car il a un réel intérêt également dans la chasse d’affût. Le but est simple : faire progresser le chasseur dans le maximum de discrétion tout au long de son parcours d’approche, ou jusqu’à son mirador, en laissant un minimum de traces olfactives. Pour cela, il y a quelques principes à respecter pour avoir une efficacité optimale sans nuisances parasites.

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Ce biotope idéal à prospecter en chasse d’été, mais difficile à pénétrer silencieusement sans préparation.

RAISONNER LE TRACÉ

1. Identifier les coulées
Le préalable est la connaissance des coulées de passages, les axes de déplacements, les lisières à prospecter et les zones de gagnages. On peut croiser les coulées, mais ne surtout pas les emprunter, ce qui les polluerait de notre odeur.

Anecdote : « un jour de battue, pour rejoindre un tree-stand à l’arc, j’avais longé une coulée distante d’environ 1 m pour justement ne pas y laisser d’odeurs. Une chevrette est alors apparue dans cette coulée, s’est arrêtée et a tendu le cou jusqu’à renifler les ronces que j’avais effleurées… » L’odorat des animaux est infaillible, plus aiguisé que nos ruses.

2. Tenir compte des vents dominants
Tout territoire est soumis à des vents dominants et il est impératif de tracer le sentier le plus possible sous le vent des zones intéressantes. Il serait dommage de vider tous les coins à prospecter avant d’y arriver.

3. Garantir la discrétion
Enfin, tout sentier de pirsch a un début. Afin de ne pas en faire un sentier de promenade idéal pour le premier badaud venu, ne le faites pas déboucher directement sur un chemin, une lisière, une allée ou une route. Au pire, faites une chicane au démarrage qui cassera l’axe de vue.

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Laisser le début du sentier invisible pour éviter d’en faire un sentier de randonnée.

USEZ DU RÂTEAU ET DU SÉCATEUR

Une paire de gants, de l’huile de coude et les outils adaptés, voilà le nécessaire. La réalisation du sentier est en soi assez simple. Il s’agit de dégager un passage de quelques décimètres de large au sol où poser les pieds en silence, sur la terre nue. On évacue tout ce qui pourrait être bruyant : feuilles mortes, brindilles et rameaux.

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Enlevez les feuilles sèches, rameaux et brindilles.

En même temps que le sol est nettoyé, il faut enlever, au besoin avec un sécateur, toutes les branches qui gênent la marche ou auxquelles on se frotterait, pour les raisons évoquées plus tôt liées à l’odeur, mais aussi tout ce qui pousse à faire des mouvements superflus. L’objectif est d’être le plus discret, et toute gesticulation pour enjamber un arbuste, se baisser ou relever une branche de la main est un signal envoyé à qui peut le voir. Pensez que déplacer la branche d’un baliveau de 3 ou 4 cm fait se mouvoir le végétal entier. Autant secouer un drapeau ! C’est pourquoi le passage doit être libre sur toute sa hauteur, y compris avec son arme.

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Coupez les branches à hauteur d’homme.

Sorte de jardinage forestier, le sentier de pirsch permet de raisonner et de se projeter sur sa chasse d’été avec des atouts supplémentaires en poche. Ça vaut le coût de sortir le râteau.