Le coonhound black & tan, du raton laveur à la bête noire

Le coonhound black & tan, du raton laveur à la bête noire

Le sanglier est aujourd’hui le gibier numéro 1 des chasseurs aux chiens courants. Nombreuses sont les races dédiées à la chasse du suidé dans la vieille Europe. Mais une fois n’est pas coutume, c’est un auxiliaire qui nous vient du nouveau monde que nous allons découvrir ce mois-ci : le coonhound black & tan.

Lorsqu’il part en grandes foulées, on peut être inquiet pour lui et craindre qu’il ne marche sur ses oreilles tellement elles semblent interminables. Pourtant, elles ne le ralentissent pas. Lorsqu’il est sur une piste, nez au sol, le coonhound black & tan ne relève la tête que pour donner de la voix, et quelle voix !

Vous ne l’avez probablement jamais croisé dans les forêts françaises car il s’agit d’une race peu commune, qui débarque tout juste dans nos contrées.

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UN AMÉRICAIN QUI DÉBARQUE CHEZ NOUS

Le CBT, comme les spécialistes le surnomment, nous vient des États-Unis où il est un éminent spécialiste de la chasse au… raton laveur. Il prend la voie du petit procyonidé et le piste jusqu’à le forcer à grimper en haut d’un arbre, d’où les chasseurs américains le font redescendre d’un coup de leur calibre 12 favori.

Dans un tout autre style, il est également employé pour chasser ours et puma (ou cougar) dans les Rocheuses, conduisant les chasseurs jusqu’aux tanières de ces deux espèces.

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Le coonhound black & tan est une vieille race ayant pour ancêtre le talbot, race aujourd’hui disparue, importée en Angleterre par Guillaume le Conquérant au XIème siècle. Issu probablement du croisement de ce talbot avec des chiens de Saint-Hubert et des foxhound américains, le CBT est aujourd’hui surtout utilisé en retrempe au sein de nombreux équipages de vénerie.

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Représentation anglaise d’un talbot du XVIème siècle.

UNE ENDURANCE À TOUTE ÉPREUVE

Chien courant de grande taille, à l’ossature moyennement lourde et à la musculature tonique, le CBT est athlétique et extrêmement endurant, c’est d’ailleurs l’une de ses grandes qualités. Pisteur infatigable, il peut être utilisé comme chien de recherche des personnes disparues.

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Sa queue forme un angle droit avec le dos quand le chien est en mouvement. Les oreilles sont attachées bas, bien en arrière et pendent en formant des plis. Elles sont très grandes et atteignent le bout du museau.

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La robe est noire, avec des marques feu au-dessus des yeux, sur les côtés du museau ainsi que sur le poitrail et sur les pattes, d’où son nom que l’on traduit littéralement par « chien courant à raton laveur noir et feu ». Le poil est court et serré. Le déplacement semble lent mais la mécanique est très efficace une fois lancée, et la grande allonge de cette race compense son apparente nonchalance.

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Ce chien au physique débonnaire se révèle être un très bon compagnon, doux et affectueux avec les enfants. Il est aussi très sociable avec ses congénères et facile à gérer au chenil.

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« QUOI MA GUEULE ! »

C’est dans les monts du Forez que nous retrouvons Joseph LOMBARDO, heureux propriétaire de 3 coonhounds black & tan qu’il conduit sur la voie du sanglier.
Joseph a découvert cette race en parcourant des vidéos de chasse sur le net, séduit par la « tronche » de ces chiens.

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Après avoir étudié et observé plus attentivement cette race, il a franchi le pas avec Hasso, un chien de 2 ans et demi qu’il a fait venir de République tchèque.

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COLLÉS À L’HOMME, SERRÉS EN MEUTE

Joseph ne tarit pas d’éloges à propos de cette race: « esthétiquement, je trouve ces chiens très beaux et élégants. Ils ont fière allure et leurs qualités athlétiques sont indéniables. S’ils ont un caractère bien trempé, ils sont très proches de l’homme, voire collants pour des chiens courants. Même au cours de la chasse, ils viennent rechercher le contact de l’homme ».

Les coonhounds B&T semblent avoir un peu de mal à se mélanger aux autres chiens, ils préfèrent chasser entre eux, à leur rythme.
Joseph chasse avec Hasso, Racine, à peine deux ans, et Démetra, 14 mois. Les trois s’entraînent les uns les autres, se relayent, et c’est un grand plaisir de les voir, et surtout les entendre mener sur la piste de la bête noire. Démetra, que Joseph a eu plus jeune, semble se déclarer plus vite que les deux autres.

L’apprentissage se fait tout d’abord sur lièvre, vient ensuite le temps de se confronter à la bête noire.

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QUEL AVENIR EN FRANCE ?

Les menées ne sont pas exagérément longues et la reprise ou le retour des chiens se font assez facilement. Les chiens forment donc une jeune meute encore en apprentissage qui ne cesse de progresser et de surprendre Joseph, lui aussi néophyte quant à la conduite de cette race.

Pour Joseph, ses chiens sont assez faciles à gérer et à vivre, mais il regrette qu’aujourd’hui en France, le coonhound black & tan ne soit trop souvent utilisé que pour effectuer des croisements avec d’autres courants. Cette race mériterait d’être développée et travaillée pour ses qualités de chasse, tout en respectant le standard de la race.

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