Grand gibier : éviter le « buisson creux »

Grand gibier : éviter le « buisson creux »

La période des battues au grand gibier a commencé avec l’arrivée de l’automne. Moment convivial s’il en est, c’est l’expression du partage et l’occasion d’émotions collectives précieuses. Alors, si la réussite n’est pas la condition sine qua non d’une belle journée, la présence du gibier permet d’avoir au moins de l’action, parfois de la musique et toujours de l’adrénaline. Voici trois conseils qui peuvent aider.

1 - DU GAGNAGE

L’agrainage est une recette bien connue pour fixer les animaux, sangliers et cervidés, jusqu’à outrance parfois malheureusement ; mais je ne traiterai pas le sujet.

Grand gibier, éviter le buisson creux : photo 2

Je préfère de loin l’idée d’améliorer les territoires dans leur dynamique, sur la richesse biologique et la capacité d’accueil. C’est dans cette optique qu’il est possible, encore en ce moment, de créer de belles zones de gagnages profitables à tous les ongulés, qui permettront un pâturage dans l’hiver et ce pour plusieurs saisons. La présence d’une plaine accueillante va évidemment aider à sédentariser le grand gibier dans un rayon proche.

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Le semis d’un mélange de trèfle violet et de raygrass anglais peut se réaliser jusque mi-novembre selon les conditions climatiques. Cette association d’une légumineuse avec une graminée est évidemment bien connue des éleveurs. Riche en protéines et en fibres, le trèfle violet apporte un gain énergétique à une période où le milieu naturel offre moins de ressources.

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Réalisé en surface, suivi d’un roulage, le semis lève en quelques jours dès les premières pluies. Les animaux en profiteront tout l’hiver, le printemps qui suit et pour au moins deux saisons pleines.

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2 - PIERRE À SEL ET SOUILLES

Il est préconisé de disposer une pierre à sel tous les 10 à 20 ha environ. Appréciée des cervidés, mais également des sangliers, la pierre à sel apporte des sels minéraux précieux. C’est pourquoi vous pouvez faire la tournée du territoire dès aujourd’hui et disposer ces pierres à intervalle régulier. Les brocards vont bientôt perdre et refaire leurs bois et ne dédaigneront pas cette contribution. Sel gemme, bloc de sel ou sel enrichi, c’est une question de choix.

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Disposez vos pierres en hauteur, sur un tronc ou dans une fourche, afin que la pluie fasse couler la saumure le long d’un tronc et puisse être léchée, plutôt que la pierre directement. Préférez évidemment un arbre de faible intérêt ; il sera condamné.

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Ravivez également vos souilles, maintenant que l’été sec est derrière nous. Un peu de crud d’ammoniac ou plux réactivera la souille comme par magie.

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Il en est de même pour le goudron de Norvège sur les souches.

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3 - LA TRANQUILITÉ, TROP SOUVENT NÉGLIGÉE

Semer des cultures à gibier, garder des parcelles sales comme remises, aménager souilles, pierre à sel, agrainage… et pourtant tout cela ne sert à rien s’il n’y a pas l’ingrédient miracle, sorte de catalyseur : la tranquillité.

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Calme, quiétude, tranquillité, appelez cela comme bon vous semble. Mais, c’est ce qui fera la différence entre deux territoires identiques. Ce calme permet aux animaux de se remiser plus facilement sur place, dans une atmosphère de sécurité précieuse. Et ce sera encore plus le cas au fur et à mesure que la saison s’avance et que le gibier est « bousculé » ici et là.

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Il n’est pas question d’enlever toute activité humaine du territoire. Les animaux savent très bien faire la part des choses entre le bûcheron inoffensif qui coupe du bois depuis des semaines, et le nemrod qui arpente en long et en large son domaine parce que c’est plus fort que lui, quitte à laisser son odeur partout…

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J’ai un bon indicateur qui me permet de jauger ce paramètre, lors de mes relevés de pièges photographiques : l’heure de mobilité des animaux. Des sangliers qui sont en activité mi-août à 20 h le soir, ou 8 h le matin, à deux heures de la nuit noire, c’est qu’ils se sentent en sécurité. Le gibier en stress et dérangé trop fréquemment sort uniquement en pleine nuit.

Une fois toutes les chances mises de son côté, il reste l’essence et le meilleur de la chasse : l’incertitude.