Chasse au brocard en Périgord

Chasse au brocard en Périgord

Il fait encore nuit noire en ce matin de Juillet, nous quittons une petite route sinueuse pour stationner à l’entrée d’un chemin creux. Sans aucun bruit, Simon et Corentin préparent leurs équipements et nous voilà partis sur ce petit sentier forestier à la recherche d’un brocard.

Corentin, jeune guide de chasse connaît fort bien ce territoire, il sait quelles sont les prairies propices et les lisières qu’il faut « jumeler » avec attention si l’on veut voir les brocards avant qu’eux nous repèrent. Ici, le biotope est idéal pour le petit cervidé, on y trouve beaucoup de prairies enclavées dans les fonds de vallées, mais aussi des cultures sur les plateaux. La configuration des lieux est idéale pour la chasse à l’approche, la vraie, celle que l’on effectue à pas de velours, en vérifiant le sens du vent lors du passage de chaque haie, à l’entrée de chaque champ et derrière chaque bosse. Car, ici, le terrain est très vallonné et s’il est possible de surprendre les animaux, l’inverse n’est pas rare.

Chasse au brocard en Périgord : photo 2
Les paysages vallonnés du Périgord constituent un biotope idéal pour l’approche.

Simon, jeune chasseur belge, est là pour découvrir ce mode de chasse. Plus habitué à la chasse en battue, il recherche d’autres sensations et veut s’immiscer dans l’intimité des chevreuils, et si possible repartir avec son premier brocard. Le jour est levé, la journée s’annonce très chaude comme les précédentes. Le soir les animaux sortent tard, mais le matin ils traînent et sont assez visibles. Il faut dire que le rut bat son plein et les brocards sont très actifs. Nous évoluons de prairie en prairie, plusieurs chevreuils sont repérés, identifiés, mais soit l’approche est impossible, soit le brocard n’est pas bon à tirer. Tuer n’est pas la priorité. Le temps passe vite et le soleil est déjà bien haut, mais notre guide souhaite explorer une dernière prairie parsemée de bottes de foin. Cachés derrière l’une d’elles, la carabine en position et les yeux dans les jumelles, nous scrutons les moindres recoins du pré fauché.

Chasse au brocard en Périgord : photo 3
Chasse au brocard en Périgord : photo 4
Les prairies fauchées et les ballots de foin sont à exploiter au mieux pour l’approche, mais aussi l’affût.

C’est alors qu’une chevrette sort à plus de 400 m et se met à gambader en faisant d’étranges virages, s’arrêtant brusquement pour repartir de façon désordonnée. Par expérience, Corentin sait que le brocard n’est pas loin derrière cette chevrette probablement réceptive. Effectivement, il est là, une cinquantaine de mètres derrière. Le brocard porte des bois très réguliers mais peu épais, un jeune animal. Simon ôte la sûreté de sa carabine et se détend. La chevrette continue d’évoluer dans la prairie et se dirige vers nous, le brocard n’est plus qu’à quelques mètres derrière elle. Soudain la chevrette s’arrête. Sommes-nous repérés ? Pas du tout ! Elle reprend sa marche, ralentit, s’arrête de nouveau et là, devant nous, elle attend le brocard et se laisse couvrir.

Chasse au brocard en Périgord : photo 5
Chasse au brocard en Périgord : photo 6
Après quelques palabres, la chevrette se laisse couvrir par le brocard sous les yeux des chasseurs.

Simon, qui voulait partager l’intimité des chevreuils, est servi. Ils repartiront comme ils étaient venus, ne décelant pas notre présence. Voilà ce que procure la chasse à l’approche, des observations inoubliables et une proximité inégalable. Rappelons au passage que ce mode de chasse est avant tout un moyen de sélection aux antipodes d’une chasse de rendement. Si la récolte d’un beau trophée est une récompense et l’aboutissement d’une bonne gestion, elle n’est pas la règle. De plus, le ratio brocard/chevrette doit être respecté afin de maintenir un bon équilibre de la population et pérenniser ce mode de chasse.

Le lendemain, deux brocards, dont un très joli coiffé en lyre, chassant un jeune présomptueux, traverseront une prairie, fonceront dans notre direction à pleine course avant de disparaître bruyamment dans le sous-bois. C’est seulement lors de la dernière sortie que Simon pourra mettre un brocard dans la croix de sa lunette. Repéré derrière une haie par Corentin, il décide de le tirer. L’approche se fait aisément, cachée par la végétation. Le brocard, très occupé à surveiller sa chevrette, ne voit pas le danger arriver. Notre jeune chasseur se positionne, s’applique et tire.

Chasse au brocard en Périgord : photo 7
Comme souvent, c’est lors de la dernière sortie que surviendra le joyeux épilogue de ce séjour.

Le brocard reste sur place, la balle est parfaite. Les deux amis se félicitent, les honneurs sont rendus à l’animal. Notre séjour Périgourdin s’achève sur cette belle approche fructueuse, dans ce décor exceptionnel. Simon se souviendra longtemps de son premier brocard et de tous ces bons moments de nature vécus dans cette belle campagne française.

Chasse au brocard en Périgord : photo 8
Chasse dite individuelle, l’approche, quand elle est partagée, est un fort vecteur d’amitié.

La chasse à l’approche est une chasse de contact, d’observation, d’immersion, souvent individuelle, mais elle peut également être partagée, procurant ainsi des souvenirs communs, des moments d’amitié et de convivialité.